Jour 20 - Soir


J’ai franchi les 1000 km aujourd’hui.  Je suis dans les Alpes, en plein dedans, à 1250 m d’altitude.  Demain, cela monte à 2044 m dans les prochains 15-20 km (peut-être moins).  C’est le premier col à franchir.  Le deuxième, 38 km plus loin, est à 2439 m.  Je croyais qu’il était tout juste au-dessus de 2000 m….

J’ai appris - et bien comme il le faut - qu’il ne faut pas faire aveuglément confiance aux pistes cyclables.  Parfois elles s’en vont partout sauf dans la direction où l’on veut aller, comme si l’on faisait une charmante promenade en campagne le dimanche sans vouloir aller nulle part, d’autres fois elles s’amusent à monter et à redescendre autant qu’elles le peuvent, comme pour nous faire visiter un à un tous les petits villages perché sur les flancs des montagnes.  D’autres fois, pour éviter un petit tronçon de route principale la piste cyclable fera les 2 à la fois:  Faire un grand détour du double de la distance (ou plus) dans un village en nous prouvant, encore une fois, qu’ils y a bien des côtes qui peuvent être montées ou descendues dans les montagnes!

Aujourd’hui la supposée très belle piste cyclable nous baladait dans des chemins de tracteurs pleins de grosses roches, où j’aurais parfois eu de la difficulté à passer avec ma voiture (et je passais à bien des endroits, avec ma voiture!), des chemins de sable et gravier mou et nous faisait faire de petites montagnes russes parfois à vue de la route principale (qui était, toutefois, inaccessible).  Pour un vélo de montagne, pour quelqu’un qui descend les Alpes pour une fin de semaine avec rien d’autre qu’un petit sac à dos, cette piste cyclable-là peut aller.  Pour mon vélo et pour moi, ça ne va pas.

Donc je ne fais vraiment plus confiance aux pistes cyclables.  Je remarque qu’elles sont là, mais je ne les suis pas tout le temps.  Parfois elles sont très belles et très bien, mais pas tout le temps.  Vraiment pas tout le temps!

J’ai un pneu qui dégonfle en ce moment.  Il était trop tard pour le réparer tout à l’heure, je le ferai demain.

J’ai changé mes 2 pneus dans la dernière semaine.  J’ai eu une crevaison à Kempten, juste avant d’arriver chez Nicole et ce pneu avait 3 petites entailles pouvant causer une crevaison.  J’ai donc temporairement augmenté la valeur de mon vélo en mettant 3 billets de 1 dollar US plié en 4 dans le pneu (vieux truc de cycliste) pour protéger la chambre à air.  C’est toujours pratique d’avoir un peu de dollars US sur soi lorsqu’on voyage de par le monde!

Mon autre pneu s’en venait également vieux, le caoutchouc décollait par endroits, alors je l’ai changé à Feldkirch, avant d’entrer en Suisse (où le même pneu aurait peut-être coûté le double).

J’ai rencontré, il y a quelques jours, une jolie dame aux cheveux gris (pas juste grisonnants mais bien gris) qui faisait la même route dans les Alpes que moi.  Elle avait des bagages et un matelas de sol avec elle.  (On se reconnaît, entre cyclistes longue-distance, par les bagages.)  Elle dormait là où elle trouvait un toit pour l’abriter de la pluie, si j’en bien compris.  Elle allait faire le Oberalppass et en était bien certaine, dut-elle pousser son vélo jusqu’en haut.  (C’est ce qu’elle comptait faire, tout simplement.)  Je n’étais toujours pas certain si j’allais parvenir à traverser les Alpes à vélo (et je n’en suis pas encore totalement certain non plus - c’est haut et c’est à pic, les Alpes!).  Elle m’a dit (en allemand): "Si je peux le faire, alors toi tu peux le faire aussi.".  Et elle m’a quitté - je montais ma tente pour le soir, elle continuait - en me disant (en anglais cette fois-ci) "Tu peux compter sur moi.").

Ça m’a beaucoup encouragé et ajouté un poids important du côté de "je vais être capable de le faire".  Si elle peut le faire, en effet, je devrais aussi pouvoir le faire…

Un commentaire

  1. jules 2:55

    Salut Benoît, ton récit est fascinant. Quel défi et quelle audace pour l’affronter. Effectivement, les rencontres importantes arrivent à point à des moments improbables. Tu en donnes plusieurs exemple. Finalement on trouve presque toujours l’énergie est le ressources pour affronter ce qui se présente à nous. La vie est bien faite. Maintenant, tu vas gravir les alpes! Quelle chance!
    Que l’énergie constante et la patience soient avec toi!
    Jules

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