Je suis dans les Pyrénées, en train d’attaquer le dernier obstacle avant d’arriver en Espagne: 2 cols, le premier à 1940 m (le col de Puymorens) et le 2e à 1800 m (la Collada de Tosas) séparés par une vallée descendant à 1100 m.
Je suis présentement à 1085 m, après être passé par 375 m ce matin.
Il faisait un temps gris et a plu et pluvioté vers la fin de la journée (ça faisait longtemps que ce n’était pas arrivé), ça a rendu les choses un peu moins aisées. Il commence à faire un peu plus froid avec l’altitude (mes doigts sont un peu engourdis sur mon clavier dans ma tente). Il a arrêté de pleuvoir après que j’aie monté la tente tout à l’heure, ce qui m’a permis de manger au sec et de ne pas avoir froid. J’espère qu’il fera un peu plus beau prochainement pour passer les cols car ça rend les choses plus difficile si je suis mouillé ou humide plusieurs jours de suite sans pouvoir me sécher et sécher mes choses, surtout en haute altitude….
Je suis passé par Lourdes dans la dernière semaine. C’était bien intéressant.
La première impression que j’ai eu des sanctuaires de Lourdes est que ça ressemble au château de Walt Disney. (Grossièrement, le même style de château, avec une foule de gens - touristo-pèlerins - se promenant devant et partout autour.) Mais, en regardant bien, il n’y avait pas de ballons ni de Mickey Mouse, ce n’était pas Disney World.
Lourdes (ou Notre-Dame-de-Lourdes) est un lieu de pèlerinage des plus importants en France (et peut-être en Europe, avec Fatima), là où a eu lieu des apparitions de la Vierge Marie à la jeune Bernadette Soubirous en 1858. Un grand nombre de guérisons miraculeuses et miracles se sont également produits là-bas, si bien qu’il y a maintenant quelque chose comme un bureau d’attestation ou d’enregistrement des guérisons. Des milliers de malades ou d’handicapés (ou plutôt presque des millions - la petite ville de 15 000 habitants reçoit 5 millions de visiteurs par année) y viennent.
Il y a une procession de malades à chaque jour à 17h00. C’est assez impressionnant à voir. Et il y a une quantité incroyable de gens qui viennent à Lourdes pour aider et assister les malades. Ça c’est encore presque plus impressionnant.
C’est un endroit très fort, Lourdes. Beaucoup de touristes, oui, et un aspect commercial indéniable (avec la fourmilière de magasins à touristes vendant des statues de la Vierge en plastique, de petits contenants pour rapporter de l’eau de la grotte et plein d’autres cossins - mais pas pire que Jérusalem, dans le fond, alors ça ne m’a même pas dérangé, c’est simplement la même ambiance de site chrétien-touristique), mais tout de même en endroit très fort et qui vaut la peine d’y être.
Les endroits (généralement à connotation spirituelle) où un grand nombre de gens se rendent par dévotion ont souvent quelque chose de très puissant. Si ce n’est pas l’endroit qui, en lui-même, à une énerge très forte, ce sont tous les gens qui s’y rendent lui induisent cette force.
Je n’ai aucun doute que ces miracles et ces guérisons de Lourdes se sont bel et bien produits.
À propos de l’eau de la grotte (qui a rendu la vue à nombre d’aveugles et a guéri quantité d’autres malades divers), Bernadette disait: "Ce n’est pas la quantité qui compte, mais surtout la foi et la prière.".
Il y a 2 choses que je vois là-dedans : Une partie provenant du malade lui/elle-même (la foi, la prière, la dévotion, qui sont extrêmement puissants - et ces derniers mots ne sont pas à sous-estimer) et une autre partie extérieure, un catalyseurs, peut-être, (l’eau de la grotte, ou le contact avec l’atmosphère, l’ambiance, l’énergie de Lourdes).
Je ne sens toujours pas de connexion importante avec la christianisme en général, ni avec le catholicisme qui est la religion du milieu d’où je viens (et peut-être même toujours une certaine aversion, en fait, envers le vocabulaire utilisé, la façon de présenter les choses comme si la vision du monde de la chrétienté était la seule valable au monde et qu’il n’y avait rien en-dehors de cela), mais j’ai une connexion avec ceux qui vivent leur spiritualité, quelle qu’elle soit, de façon ouverte en acceptance et en tolérance de celle des autres.
Les chrétiens sont bien minoritaires sur cette planète. Il y a des personnes sages (et beaucoup plus sages que la majorité des chrétiens!) qui existent en-dehors du monde chrétien (dans d’autres religions, par exemple) ou qui ont déjà existé en dehors du monde chrétien (avant l’an 1, par exemple) et qui expriment (ou exprimaient) leur sagesse, leur amour de Dieu ou leur compréhension profonde de Dieu (ou de la non-existence d’un "Dieu", selon les terminologies propre au contexte religio-culturel, i.e. le Bouddhisme) avec un autre ensemble lexical que celui utilisé par les Chrétiens (dont l’ensemble lexical est centré autour de "Jésus Christ", "Dieu", "le Saint-Esprit", etc.). Il y a des gens qui connaissent Dieu dans la chrétienté et il y a également des gens qui connaissent Dieu dans le monde non-chrétien. Et ce ne sont pas toujours les Chrétiens qui le connaissent le mieux!
Il y a une chose, par contre, dont il me semble que le clergé chrétien aurait dû se rendre compte depuis longtemps: Leurs rituels sont très souvent incroyablement ennuyants! (Même à Lourdes, où les pèlerins viennent volontairement, j’entendais les jeunes parler de leur effroi (de leur ennui) lorsque le prêtre aller répéter une nouvelle fois ce qu’il venait de dire, et à la procession aux flambeaux où des dizaines de milliers de personnes étaient, facilement le tiers des gens ont quitté avant la fin de la célébration qui s’éternisait). Je suis capable de rester assis assez longtemps sans bouger, en silence, d’être très confortable et de ne pas m’ennuyer du tout, mais assister à une messe ou à une célébration chrétienne est généralement pour moi d’une ennuyosité extrême et demande un effort considérable! Et les bancs d’église qui sont pratiquement méthodiquement créés de façon à être inconfortables! Comme s’il fallait souffrir pour entrer en contact avec Dieu! Quelle idée ridicule… (La douleur ou la souffrance est probablement un des multiples chemins qui mènent à Dieu, mais pas nécessairement le meilleur, le plus direct, ni le plus agréable!)
La béquille de mon vélo s’est brisée (pas trop étonnant avec le poids sur mon vélo) donc, contrairement à tout ces gens qui y laissent les leurs, moi je me suis acheté une béquille à Lourdes! (J’ai l’habitude de ne pas faire comme tout le monde, on dirait….)