Jour 67 + 2, Soir


Je suis arrivé en Espagne, en Catalunya, à Jaya & Gemma.  Mon voyage à vélo est terminé.

Ça m’a fait bizarre tous les derniers jours, d’être sur le point d’arriver.  Après plus de 2 mois, après tous ces kilomètres, toutes ces routes suivies, toute ces pluies, tout ces nuages, tout ce Soleil, tous ces gens croisés, rencontrés, après 67 jours, le coeur battant (le dernier kilomètre, haut dans la montagne, était la pente la plus abrupte que j’ai faite de tout mon voyage), d’arriver là vers où je me dirigeais….

Ça me fait bizarre de n’avoir plus un endroit vers lequel me diriger.  Je suis là, ici, et je ne vais pas nulle part.
Ça démotive presque, je me retrouve un peu sans savoir quoi faire…

Je continuerais jusqu’en Inde à vélo.  Ça ne me dérangerait pas trop, je crois.  Je ne sais pas.  Ça serait amusant.

En arrivant, j’ai revu, retrouvé bien des gens que je connaissais.

Je suis arrivé, mais je ne suis pas arrivé nulle part non plus.  Là je suis chez des amis, dans une petite caravane, leur maison est en totale reconstruction (l’intérieur à plus l’air d’être en démolition qu’autre chose), ils n’avaient même plus de toit sur la maison il y a quelques jours.  Ensuite je marcherai au Yatra espagnol, pendant une semaine, encore en dormant sous la tente.  Puis j’irai voir mes parents, qui seront en Espagne.  Et je retournerai en Allemagne à la mi-septembre.  Et à la mi ou fin octobre nous retournons en Inde, on ne sais pas encore trop où.
Donc je ne suis pas arrivé nulle part….

2500 km à vélo, ce n’est rien, dans le fond.  Qu’une étape, qu’un tronçon, qu’un petit bout de chemin.  Une petite section de ma vie.

Dans le fond, je suis bien, ici, maintenant, dans cette petite caravane, étendu sur le lit (en diagonale, je ne rentre pas tout droit).

C’est la fin, mais ce n’est pas la fin.

Et là je pourrais lancer une petite phrase style Zen, qui ne veut rien dire mais veut tout dire à la fois.

Mais, seul le bruit de ma respiration sait ce que j’ai à dire….

Jour 65 - Soir


J’ai traversé le col de Puymorens.  J’ai dormi hier au col, à 1940 m.  Il faisait un peu froid, mais ça allait, la météo m’était assez clémente.  Il a commencé à pleuvoir juste après que j’aie fini de faire cuire mon repas et durant la nuit.  Mais il pluviotait au matin et a plu ou pluvioté presque toute la journée.

Pour descendre du col je portais à peu près tout les vêtements que j’avais.  Il faisait frette, surtout avec la petite pluie, et descendre à 50 ou 60 km/h dans l’air froid sans faire aucun autre effort que de faire pédaler les jambes dans le vide, ça frigorifie.

Je suis parti dans un nuage, mais le nuage est passé et j’ai pu voir le restant du trajet.

Je cherchais un endroit oû dormir pour ce soir avant le prochain col, la Collada de Tosas, je ne voulais pas débuter la route du col aujourd’hui (il était passé 16h00, j’étais à 1100 m), mais je n’ai rien trouvé.  Il pleuvait encore, la route du col commençait, puis il pleuvait avec un gros Soleil très fort (ce qui faisait que j’étais vraiment totalement trempé sous mes habits imperméables), et puis la pluie a arrêté et le Soleil est resté.  C’est une route complètement à flanc de montagne, sans un seul petit morceau d’espace plat autour.  La route grimpe simplement la montagne, en serpentant sur 22 km pour monter 700 mètres jusqu’au col.  Donc j’ai continué de rouler.  J’ai fait la moitié du chemin jusqu’au col avant de trouver un endroit pour y mettre ma tente, mais ça ne m’a pas vraiment dérangé.  J’aurais pu continuer jusqu’au col si je n’avais rien trouvé, il n’y avait que l’heure qui avançait et la température qui baissait avec l’altitude qui montait et le Soleil qui descendait.
C’est un superbe endroit, un promontoire qu’on voit de loin, coincé entre la route et le flanc de montagne abrupt, avec une ruine de maison et un pylône électrique dessus.  Un endroit vraiment parfait, quoi que assez exposé aux vents (évidemment!).
Les voitures voient une tente bleue de loin, perchée à peu près au seul endroit possible, à côté d’un vélo dressé portant un drapeau blanc s’agitant au vent, presque comme un signe de victoire.

J’ai eu droit à un beau coucher de Soleil, la couleur changeant doucement, ou plutôt s’atténuant tranquillement, comme un feu qui s’éteint.  Le Soleil s’est couché à peu près à la même hauteur que moi.

Avant de prendre la route du col j’ai fait des provisions de nourriture, car il n’y a rien sur presque 50 km.  J’ai acheté plus d’un kilo de fromage (au total, en 5 variétés différentes, pour aujourd’hui et demain), du pain, du jus et du chocolat.  Pour l’eau j’espère qu’il y aura des sources ou quelque chose.

Demain j’arrive à Ripoll.  Mon voyage s’achève.

Bon, la pluie qui recommence.  La nuit sera probablement assez fraîche.  Je suis à plus de 1500m d’altitude.  Pour demain, le col est à 1800 m et je redescends ensuite à 660 m.

Jour 63 - Soir


Je suis dans les Pyrénées, en train d’attaquer le dernier obstacle avant d’arriver en Espagne:  2 cols, le premier à 1940 m (le col de Puymorens) et le 2e à 1800 m (la Collada de Tosas) séparés par une vallée descendant à 1100 m.
Je suis présentement à 1085 m, après être passé par 375 m ce matin.

Il faisait un temps gris et a plu et pluvioté vers la fin de la journée (ça faisait longtemps que ce n’était pas arrivé), ça a rendu les choses un peu moins aisées.  Il commence à faire un peu plus froid avec l’altitude (mes doigts sont un peu engourdis sur mon clavier dans ma tente).  Il a arrêté de pleuvoir après que j’aie monté la tente tout à l’heure, ce qui m’a permis de manger au sec et de ne pas avoir froid.  J’espère qu’il fera un peu plus beau prochainement pour passer les cols car ça rend les choses plus difficile si je suis mouillé ou humide plusieurs jours de suite sans pouvoir me sécher et sécher mes choses, surtout en haute altitude….

Je suis passé par Lourdes dans la dernière semaine.  C’était bien intéressant.

La première impression que j’ai eu des sanctuaires de Lourdes est que ça ressemble au château de Walt Disney.  (Grossièrement, le même style de château, avec une foule de gens - touristo-pèlerins - se promenant devant et partout autour.)  Mais, en regardant bien, il n’y avait pas de ballons ni de Mickey Mouse, ce n’était pas Disney World.

Lourdes (ou Notre-Dame-de-Lourdes) est un lieu de pèlerinage des plus importants en France (et peut-être en Europe, avec Fatima), là où a eu lieu des apparitions de la Vierge Marie à la jeune Bernadette Soubirous en 1858.  Un grand nombre de guérisons miraculeuses et miracles se sont également produits là-bas, si bien qu’il y a maintenant quelque chose comme un bureau d’attestation ou d’enregistrement des guérisons.  Des milliers de malades ou d’handicapés (ou plutôt presque des millions - la petite ville de 15 000 habitants reçoit 5 millions de visiteurs par année) y viennent.

Il y a une procession de malades à chaque jour à 17h00.  C’est assez impressionnant à voir.  Et il y a une quantité incroyable de gens qui viennent à Lourdes pour aider et assister les malades.  Ça c’est encore presque plus impressionnant.

C’est un endroit très fort, Lourdes.  Beaucoup de touristes, oui, et un aspect commercial indéniable (avec la fourmilière de magasins à touristes vendant des statues de la Vierge en plastique, de petits contenants pour rapporter de l’eau de la grotte et plein d’autres cossins - mais pas pire que Jérusalem, dans le fond, alors ça ne m’a même pas dérangé, c’est simplement la même ambiance de site chrétien-touristique), mais tout de même en endroit très fort et qui vaut la peine d’y être.

Les endroits (généralement à connotation spirituelle) où un grand nombre de gens se rendent par dévotion ont souvent quelque chose de très puissant.  Si ce n’est pas l’endroit qui, en lui-même, à une énerge très forte, ce sont tous les gens qui s’y rendent lui induisent cette force.

Je n’ai aucun doute que ces miracles et ces guérisons de Lourdes se sont bel et bien produits.

À propos de l’eau de la grotte (qui a rendu la vue à nombre d’aveugles et a guéri quantité d’autres malades divers), Bernadette disait: "Ce n’est pas la quantité qui compte, mais surtout la foi et la prière.".

Il y a 2 choses que je vois là-dedans :  Une partie provenant du malade lui/elle-même (la foi, la prière, la dévotion, qui sont extrêmement puissants - et ces derniers mots ne sont pas à sous-estimer) et une autre partie extérieure, un catalyseurs, peut-être, (l’eau de la grotte, ou le contact avec l’atmosphère, l’ambiance, l’énergie de Lourdes).

Je ne sens toujours pas de connexion importante avec la christianisme en général, ni avec le catholicisme qui est la religion du milieu d’où je viens (et peut-être même toujours une certaine aversion, en fait, envers le vocabulaire utilisé, la façon de présenter les choses comme si la vision du monde de la chrétienté était la seule valable au monde et qu’il n’y avait rien en-dehors de cela), mais j’ai une connexion avec ceux qui vivent leur spiritualité, quelle qu’elle soit, de façon ouverte en acceptance et en tolérance de celle des autres.
Les chrétiens sont bien minoritaires sur cette planète.  Il y a des personnes sages (et beaucoup plus sages que la majorité des chrétiens!) qui existent en-dehors du monde chrétien (dans d’autres religions, par exemple) ou qui ont déjà existé en dehors du monde chrétien (avant l’an 1, par exemple) et qui expriment (ou exprimaient) leur sagesse, leur amour de Dieu ou leur compréhension profonde de Dieu (ou de la non-existence d’un "Dieu", selon les terminologies propre au contexte religio-culturel, i.e. le Bouddhisme) avec un autre ensemble lexical que celui utilisé par les Chrétiens (dont l’ensemble lexical est centré autour de "Jésus Christ", "Dieu", "le Saint-Esprit", etc.).  Il y a des gens qui connaissent Dieu dans la chrétienté et il y a également des gens qui connaissent Dieu dans le monde non-chrétien.  Et ce ne sont pas toujours les Chrétiens qui le connaissent le mieux!

Il y a une chose, par contre, dont il me semble que le clergé chrétien aurait dû se rendre compte depuis longtemps:  Leurs rituels sont très souvent incroyablement ennuyants!  (Même à Lourdes, où les pèlerins viennent volontairement, j’entendais les jeunes parler de leur effroi (de leur ennui) lorsque le prêtre aller répéter une nouvelle fois ce qu’il venait de dire, et à la procession aux flambeaux où des dizaines de milliers de personnes étaient, facilement le tiers des gens ont quitté avant la fin de la célébration qui s’éternisait).  Je suis capable de rester assis assez longtemps sans bouger, en silence, d’être très confortable et de ne pas m’ennuyer du tout, mais assister à une messe ou à une célébration chrétienne est généralement pour moi d’une ennuyosité extrême et demande un effort considérable!  Et les bancs d’église qui sont pratiquement méthodiquement créés de façon à être inconfortables!  Comme s’il fallait souffrir pour entrer en contact avec Dieu!  Quelle idée ridicule…  (La douleur ou la souffrance est probablement un des multiples chemins qui mènent à Dieu, mais pas nécessairement le meilleur, le plus direct, ni le plus agréable!)

La béquille de mon vélo s’est brisée (pas trop étonnant avec le poids sur mon vélo) donc, contrairement à tout ces gens qui y laissent les leurs, moi je me suis acheté une béquille à Lourdes!  (J’ai l’habitude de ne pas faire comme tout le monde, on dirait….)

Jour 52 - Soir


J’ai traversé le méridien 0 aujourd’hui (le méridien de Greenwich).  Pas que cela ait nécessairement une grande importance, mais je l’ai tout de même remarqué….
(Je suis parti du 12e méridien est.  Si je voulais faire le tour de la Terre à vélo, j’aurais fait le trentième (12/360 = 1/30) de sa circonférence.

Jour 51 - Soir


J’ai repris la route.  Là, j’attend que mon GPS me donne des coordonnées pour pouvoir aller me coucher.

Il y a 2 semaines, à la journée après avoir quitté Taizé, j’ai pris le train pour arriver au Dharma Yatra.  Il me restait encore 400 km à faire avant d’y arriver et le Yatra (d’une durée de 2 semaines) était déjà commencé depuis 6 jours.  J’avais prévu être là au moins une semaine à l’avance pour aider à l’organisation!

J’ai donc pris un raccourci en train.  En fait, il m’a fallu 5 trains, en 2 jours, pour me rendre à proximité du Yatra.  Et la majorité des trains en France sont particulièrement inadaptés pour les vélos, surtout lorsqu’ils sont chargés de bagagges.  Le plancher de la cabine des wagons de train est à la hauteur de la poitrine, il n’y a pas de rampes et les portes sont étroites.  Par contre, les controlleurs de train et gens des stations étaient très sympathiques.  On m’a même invité à aller voir la cabine du conducteur du train.

J’ai passé environ une semaine de plus à Moulin de Chaves (anciennement Tapovan), là où le Yatra se terminait.  Et maintenant je continute ma route.  Puisque j’ai fait un saut en train, il y a environ 500 km d’ici à Ripoll, en Catalogne, près de l’espéré futur Open Centre, si je vais en ligne droite.  Il me reste 820 km à faire sur mon 2500 km annoncés, donc il ne faut pas que j’aille en ligne droite.  Il faut que je trouve d’autres endroits où aller qui ne sont pas trop sur mon chemin.
Je vais donc voir des professeurs de méditation près de Bordeaux, Stephen et Martine Batchelor, que je n’ai jamais rencontrés.  Ensuite, j’irai peut-être à Lourdes.  Ça faisait un certain temps que je voulais aller à Lourdes et, cela tombe bien, ce n’est pas trop sur mon chemin.  Mais cela signifierait ensuite beaucoup plus de montagnes, longer les Pyrénées de très proche pour un bon bout de temps au lieu de simplement les franchir en ligne droite.  Je verrai dans les prochains jours…

Jour 39 - Soir - Au Dharma Yatra


Début de la fin du Dharma Yatra 2007.

Je suis arrivé ici il y a 6 jours, je crois.  (Je dis "ici" en parlant de Yatra, même si nous nous déplacions à tous les jours.)

Très puissant, comme toujours, un Dharma Yatra.  L’énergie collective de 150 personnes qui marchent en silence, à la file indienne, peut produire ou induire bien des choses.

J’écrirai un peu plus demain ou dans les prochains jours, et mettrai le site web à jour.  Le Yatra m’a emporté avant que je n’ai pu laisser une note sur ce site, juste après que j’ai envoyé mon dernier courriel à tous depuis le coin d’une rue à la sortie d’un petit village, arrêté sur le bord de la route, debout à côté de mon vélo avec mon ordinateur portable posé sur mon panneau solaire.  (À part fournir de l’énergie, j’ai remarqué qu’un panneau solaire est très pratique pour y poser un ordinateur portable sur un vélo de façon stable ainsi que pour abriter du vent un réchaud de camping.)

Jour 34


Courriel:

De: Benoit Martin
Date: 2007-07-20, 12h51
Sujet: Nouvelles du tour de vélo "2500 km pour méditer!".

 

Bonjour à tous,

Mes excuses pour ce courriel non-personnalisé envoyé à tous.  C’est le dernier sur ce sujet (le tour de vélo "2500 km pour méditer"), je ne voulais pas en envoyer plus que 2 pour ne pas inonder.

Des nouvelles de mon voyage:
Je vous écris couché dans ma tente, en France, quelque part entre Bourg-en-Bresse et Mâcon (Ain), en plein dans mon périple de 2500 km à vélo en Europe.

Je suis parti le 18 juin de Leipzig, en Allemagne (juste au sud de Berlin), me suis rendu en Autriche, au Liechtenstein, ai traversé la Suisse et les Alpes, et me voilà rendu en France, pays des fromages (avec la chaleur qu’il fait aujourd’hui, mes fromages achetés le matin ont bien coulé autant qu’ils le pouvaient dans mon sac!).  Cela fait 29 jours que je roule à vélo.  Distance parcourue:   1462 km.

Les premiers jours furent terriblement difficiles.  Pour ceux connaissant un peu le bouddhisme, un mot résume très bien ce que fut l’entièreté des 3 premiers jours :  Dukkha.
(Pour les autres, voir Wikipedia :  http://fr.wikipedia.org/wiki/Dukkha )
Ensuite, après avoir abandonné l’idée de compléter le voyage, les choses se sont améliorées et le voyage s’est continué tout seul.
Jamais je n’aurais cru pouvoir me rendre jusqu’où je suis présentement…

J’ai eu des moments fantastiques, dans ce voyage, de très belles rencontres, de très beaux instants.  De même que, évidemment, des moments difficiles.  Comme dans toute vie, en fait.
Avant-hier, j’ai rencontré un Viennois en plein milieu d’un long et droit tunnel pour vélo de 2 ou 3 kilomètres de long sous une montagne.  Lui aussi voyageait avec son vélo et venait de loin.  Superbe moment, rencontre incongruite, dans ce lieu d’un autre monde, sous la terre, avec un éclairage très tamisé, ruisselant de fraîche et froide humidité, alors qu’il faisait une lumière éclatante avec une chaleur presque étouffante d’où nous venions, aux 2 extrémités, à l’extérieur.  Rencontre brève, éphémère, car j’allais dans un sens et il allait dans l’autre, et le froid humide nous interdisait de nous attarder trop longtemps.  Rencontre qui fut permise quelques minutes, une dizaine ou une quinzaine, peut-être, ensuite la vie poursuivit son cours et la rivière qu’est la sienne continua de couler dans une direction tandis que la mienne s’en allait dans une autre, après s’être salués pour un bref instant, le temps d’un scintillement de lumière d’étoile.

Une amie m’a souhaité, avant mon départ, un "bon bon profond voyage".  C’est bien ce qui est arrivé jusqu’à maintenant.

Mon objectif est toujours de me rendre jusqu’en Catalunya (Catalogne), en Espagne, après 2500 km de vélo.  Donc il me reste encore un peu plus de 1000 km à faire.  Mon objectif est également de ramasser 2500 euros (environ 3800 $CAN) pour l’ouverture du centre de méditation Open Centre, et c’est, en fait, une des raisons pour lesquelles je vous écris en ce moment.  Pour solliciter votre aide pour cet aspect du périple, si vous le voulez bien.

Jusqu’à aujourd’hui, de très généreuses donations d’un montant total de 2028 euros (environ 3040$ CAN) me sont parvenues, provenant de 13 pays différents - provenant même de donateurs qui me sont inconnus!  J’écris cela et je suis encore étonné et touché de la générosité des gens.  Vraiment, de très sincères et chaleureux remerciements à tous.  Tous les dons, peu en importe le montant (vraiment, même un simple petit "deux piastres"!) sont très appréciés et me donnent en même temps un formidable support moral pour la route encore à faire.
Il y a 2 jours, j’ai rencontré un groupe de Français qui allaient jouer à la boule (au Québec ils auraient été jouer à la pétanque) et, en apprenant le but de mon voyage à vélo, le père de la petite famille est rentré chez lui pour aller me chercher 1 euro pour me faire un kilomètre de plus!  Et hier, la serveuse très gentille d’un petit restaurant à peu près au milieu de nulle part a fait cadeau de son pourboire de la journée pour le Open Centre.

Donc je me permets bien humblement, mais sans toutefois insister, de vous rappeler l’existence de ce tour et de cette levée de fonds, destinée à l’ouverture du centre de méditation Open Centre.  La vie étant ce qu’elle est, je sais que, trop souvent, on a plein de bonnes intentions et il y a bien de belles choses que l’on voudrait faire mais on remet un peu à plus tard et l’idée se noie ou se perd dans le tumulte (ou la simple quotidienneté) de la vie de tous les jours.
Donc, maintenant est le moment!  :)

(Note :  Pour ceux ayant déjà eu la générosité (ou la bénédiction) de faire un don pour ce tour ou pour le Open Centre directement, svp considérez cette section de ce courriel comme un remerciement additionnel et non pas une sollicitation supplémentaire!)

On peut faire un don par carte de crédit directement via mon site web sécurisé, ou bien par chèque, mandat-poste ou transfert bancaire dans un compte situé au Québec, en Angleterre ou dans la zone Euro (les détails et instructions sont sur le site web):
http://www.2500km.com/?page_id=3
Tous les dons reçus iront directement pour l’ouverture du Open Centre.
Je suis également ouvert aux donations pour me soutenir personnellement dans mes dépenses pour ce voyage, mais, comme écrit précédemment, je souhaite que la priorité aille au Open Centre.

Ce centre, le Open Centre, ce n’est pas pour moi.  Je n’ai présentement pas le besoin de faire d’autres retraite de méditation, j’en ai déjà fait un certain nombre, et si je veux en faire d’autres je peux aller en Inde à peu près n’importe quand, c’est tout simple pour moi.  Ce centre, c’est pour les autres, pour des gens qui me sont inconnus.
Lorsqu’on a découvert quelque chose de précieux comme ce que la méditation peut apporter, à tous les niveaux, il est tout simplement normal qu’on veuille le partager avec d’autres, qu’on veuille pouvoir donner cette chance extraordinaire à ceux qui la recherchent, justement.  J’ai reçu, j’ai énormément reçu, alors c’est à mon tour d’aider à donner, de la façon dont je puisse le faire.

Il existe un très beau petit vidéo de 8 minutes présentant le Open Centre, que j’ai mis sur mon site web.  Ce vidéo exprime bien, je crois, l’essence et l’esprit du Open Centre ainsi que de la grande communauté ouverte qui est en arrière:
http://www.2500km.com/?p=16
(Il n’y a pas de paroles, seulement des images, de la musique et du texte - le texte est en anglais, mais, même si vous ne comprenez pas l’anglais, vous pourrez probablement tout de même saisir l’énergie ou le message transmis par le vidéo.)

Je montrais ce vidéo à une amie il y a 2 semaines, en cours de route, et cela m’a frappé, m’a rappelé à quel point j’étais chanceux de connaître des gens comme toutes ces personnes ainsi que de pouvoir aider, un tout petit peu et à ma manière, à la continuelle réalisation de projets comme celui-ci.

Beaucoup d’amis que j’apprécie fort sont présents dans ce vidéo - j’y suis également, ainsi qu’Ulrika, ma copine, et quelques-unes des photos qu’on y voit ont été prises par Ulrika ou moi.  Donc, pour moi, les images qu’on voit dans ce vidéo ne sont pas un quelconque idéal loin ou distant, comme peuvent l’être les images paradisiaques - mais jamais atteintes ni rejoignables - que nous montrent les annonces publicitaires (la voiture "parfaite", la maison "parfaite", le paysage "parfait", l’apparence physique "parfaite", etc.).  Ces images sont pour moi - et pour beaucoup de gens autour de moi - la réalité.  J’y étais, j’y ai participé, et, je l’espère, j’y serai encore….
Oui, un monde "différent", un monde meilleur est vraiment possible, et est même en cours de réalisation….

Il y a eu 2 articles de journaux à propos de ce voyage de 2500 km à vélo dans des journaux locaux au Québec.  Un de ces articles est disponible en ligne:  http://www.hebdos.net/jsb/edition252007/articles.asp?article_id=174486
(Il y a quelques erreurs ou légères déformations dans ce qui est rapporté dans cet article - j’ai étudié mais ne suis pas diplômé de l’université, je suis allé en Inde mais ce n’était pas uniquement une retraite d’un an, et quelques autres nuances du genre - mais ce n’est pas vraiment important, l’idée de base est là.)

Donc on pourra continuer de suivre mon voyage sur mon site web:  http://www.2500km.com
Le site contient aussi plus d’information à propos du Open Centre et du voyage, une carte interactive (Google Maps) où je mets les points GPS d’où je suis chaque soir, ainsi que mes récits de voyage.  Je mettrai également des photos, éventuellement, lorsque j’en aurai le temps.

Grâce au panneau solaire que j’ai avec moi et à de généreux accès Internet sans fil (ou avec fil) trouvés un peu partout en cours de route, je reste en contact, met le site web à jour et travaille également un peu, lorsque le besoin est, pour les divers projets informatiques dont je m’occupe.

Soit dit en passant (un rappel), le courriel de support technique pour l’hébergement web de SPUN inc. / enolla.org est :

 

et celui pour les Sites Web Transactionnels de spun-shop.com / SPUN inc. est :

 

Il est également possible de m’écrire directement, comme toujours, mais il pourrait évidemment y avoir un plus grand délai dans mes réponses.

Donc mon voyage se continue….
Il n’est pas terminé, loin de là, et des obstacles sont encore sur ma route :  Il reste les Pyrénées devant moi, une des dernières grosses étapes à franchir, et puis, en ce moment même, j’ai un début de tendinite au tendon d’Achille gauche, ce qui m’ennuie un peu (et ce qui n’est pas pratique lorsqu’on a 1000 km en vélo à faire!)….   J’ai eu la même chose en marchant le Camino de Santiago (le Chemin de St-Jacques) en Espagne il y a 4 ans, donc la douleur me rappelle des souvenirs.  J’ai fait de petites journées aujourd’hui et hier, bu des quantités incroyables d’eau et de jus (et il fait maintenant au-dessus de 30°C avec un gros Soleil durant la journée, après avoir plu presque tout le temps durant les précédentes semaines!), je me suis procuré du Voltaren dans une pharmacie - la même chose qu’on m’avait donné en Espagne, ce qui m’avait beaucoup aidé - et je prendrai peut-être une ou deux journées de repos forcé s’il le faut (je n’ai pas le choix!).

Donc, c’est une histoire à suivre….   :)

Voilà, c’était des nouvelles de mon voyage et de cette levée de fonds.

J’espère que vous allez bien, où que vous soyez.

Cordiales salutations & Metta(*),

-Benoit Martin

PS :  Ce courriel a été écrit et envoyé avec de l’énergie solaire.

(*) Pour la signification de "Metta", voir également Wikipedia :  http://fr.wikipedia.org/wiki/Maitr%C4%AB

 

Jour 30 - Soir


Je suis à Taizé.
(http://www.taize.fr)

Cela faisait des années que je voulais y venir passer quelques semaines (ou tout au moins une), mais l’occasion ne s’était jamais présentée.  Là, j’ai remarqué sur ma carte que j’allais passer pas trop loin.  Et mon itinéraire (que je ne connais pas à l’avance, sachant seulement le point de départ, d’arrivée et quelques points possibles en cours de route) m’en a rapproché encore plus et m’a fait passer à une dizaine de kilomètres de là.

Donc, tout simplement, je suis allé à Taizé.
On m’a très bien accueilli, comme il semble que l’on accueille tous les gens.  Une jeune dame avec les yeux brillants, plein de vie.

Il y a 4000 personnes dans la communauté en ce moment.  Tout plein d’Allemands, de Hollandais, d’Italiens, d’Espagnols, et quelques Français (peut-être 150 sur les 4000).

Ce sont, pour la très grande majorité, des jeunes, aux alentours de 18-20 ans, peut-être un peu plus.  Il y a une très grande énergie de jeunesse.

Je me suis senti seul, tout de même, un peu après mon arrivée.  C’est étrange.  C’est comme si j’étais vieux.  C’est comme si, eux, c’était ce que j’étais, lorsque je cherchais plus activement, il y a quelques années de cela - mais on dirait en même temps que cela fait des éternités de cela.  J’ai l’impression d’avoir tant vécu depuis, d’avoir, en quelque sorte, de l’expérience.  Mes pas, mes gestes sont plus lents, mon regard regarde plus loin, comme si c’était au-delà des choses que l’on voit.  Je regarde le ciel, les nuages, et ils me parlent.

J’ai trouvé, en quelque sorte, depuis.

Je resterai 2 jours à Taizé, pour y goûter un peu.  Je reviendrai sûrement plus tard, une autre fois, pour plus longtemps.  Le Dharma Yatra m’attend, je suis déjà en retard de plusieurs jours, il est déjà commencé.  C’est encore à environ 450 km d’ici.  Je prendrai probablement le train pour m’y téléporter pour la 2e semaine, avant que le Yatra ne soit terminé.
Ulrika y est et repart ensuite en Allemagne, j’aimerais passer un peu de temps avec elle.

Jour 27 - Soir


J’ai traversé les Alpes.
Je suis rendu en France.

J’ai passé les 2 dernières nuits chez Mireille, une amie de plusieurs années connue via mon site web et que j’ai rencontrée pour la première fois il y a 2 jours.
Elle a une maison - qui est une grande grange qu’elle convertit en maison - dans le coin d’Évian.  Donc j’ai pris une douche et lavé mes vêtements avec de l’eau Évian.

Elle m’a dit que je peux revenir quand je veux, même si elle n’est pas là.
C’est quelqu’un de fort, Mireille.  Elle en a fait des choses.  Au début de la cinquantaine, elle fait de l’escalade, reconstruit sa maison toute seule, voyage aussi un peu partout dans le monde - elle organise des croisières de plongée en Asie ou en Afrique -, etc.  Elle a un doctorat en physique, je crois (c’était il y a longtemps, qu’elle dit) et a fait également plein d’autres trucs.
Elle n’a pas peur.  Elle fait.

J’ai eu ma plus longue journée (en terme de kilomètres: 97) aujourd’hui.  Et la 2e plus longue (80 km) fut la journée de vélo précédente, avant-hier.
Je me suis étonné que mes jambes aient tant d’énergie aujourd’hui.  J’ai eu de bonnes montées, je suis encore dans les montagnes.  J’ai dîné à Genève et ensuite, pour aller en France, il y a des montagnes à traverser.  Ce n’est pas les Alpes - ce sont les montagnes du Jura, je crois - mais ce sont des montagnes.
J’ai l’impression que le temps passé un peu en altitude m’a rendu plus fort.  La pression barométrique était très basse ces dernières semaines.  Je le vois à ma boussole, il y a une petite bulle d’air qui apparaît et qui grossit avec l’altitude et lors des journées de mauvais temps, en raison de la plus basse pression (c’est un "défaut" de ma boussole, âgée de plus de 15 ans, mais ça m’est parfois pratique).  Je n’avais jamais vu la bulle aussi grosse que récemment, même si je suis déjà monté plusieurs fois en haut de 4000 m, et même 5000 m.
Et, j’ai bien pu m’en rendre compte, le temps a été très mauvais récemment.  Donc je suppose que mon taux de globules rouges dans le sang s’est adapté, comme s’est normalement le cas.  Donc, de retour à une altitude plus basse (400-500 m) avec une plus forte pression barométrique (il fait maintenant un très beau temps, très - presque trop - chaud, et la bulle a complètement disparue de ma boussole), mon corps est plus fort.
Ça m’avait fait la même chose au Népal il y a quelques années, j’étais beaucoup plus endurant après être redescendu à 1000-1500 m (après un temps entre 3000 à 5400 m) durant le trek des Annapurnas que j’avais fait.
Et il y a aussi, évidemment, que le corps acquiert plus d’endurance, après 1360 km et presque 4 semaines de vélo.

Tout le reste du parcours, j’ai l’impression, sera des montagnes.  Il y a le Massif Central entre ici et Moulin de Chaves (Tapovan) où je me rends.  Les rivières qui le traversent vont toutes du nord au sud.  Je vais de l’ouest à l’est.  Ce n’est donc pas l’idéal pour un trajet cycliste.  Pas vraiment, non….

Ensuite, après Moulin de Chaves (Tapovan), je vais vers le sud, et j’ai les Pyrénées à traverser.  Mais ça je sais à quoi m’attendre, j’ai fait le trajet l’année dernière - en voiture.  Ce sont de belles montagnes.  Le genre qui font regretter de ne pas être en moto, auto ou avion!

Je me suis dit plusieurs fois, au cours des dernières semaines, que le prochain long voyage du genre, je le ferai en moto!…  Je verrai si l’idée tiendra…

Jour 24 - Soir


Dans les derniers jours il a plu, fait froid et humide, et aujourd’hui il a fait chaud et il n’a pas plu de ma journée de vélo (seulement le matin avant que je ne parte).

Il y a 2 jours, j’ai passé le Oberalppass et j’ai descendu dans les nuages, le brouillard et le froid humide pénétrant un 600 mètres de dénivelé sans rien voir du tout, parfois pas à plus de 20 ou 30 mètres devant moi, en roulant à 45 ou 55 km/h, sans pédaler.  J’étais glacé, transi, en arrivant à Andermatt, la ville après le col.  De plus, avec ce nuage est venu la pluie et elle n’est pas repartie.  À 1450 m d’altitude, la pluie et l’humidité faisaient froid.

À l’épicerie je me suis arrêté longtemps devant la section des pains, devant le four, pour essayer de me réchauffer un peu (et je ne suis pas resté longtemps à choisir un fromage!).

J’ai continué, ne pouvant rien faire d’autre.  Il commençait à se faire un peu tard (16h00), et je suis arrivé devant le début du col suivant, le Furkapass, qui monte à 2400 mètres, toujours transi quoi que un peu moins froid car je roulais.  Mais il pleuvait toujours, j’étais humide à souhait et je ne pouvais pas monter le 1000 mètres de dénivelé cette journée, c’est certain, et la température ainsi que la météo n’annonçaient aucune amélioration immédiate, ni dans les prochains jours.  Si je débutais l’ascension, j’allais vers le plus froid encore, avec l’altitude.

Je suis allé m’asseoir quelques minutes dans une église (je fais souvent cela, où que je soie), et ce que je devais faire était clair pour moi :  J’allais prendre le train qui passe sous la montagne, de Realp à Oberwald, 1000 m en-dessous du col.  Il y en avait un qui partait dans 30 minutes.
Je ne suis pas là pour le défi sportif ou pour battre des records.  Passer ce col à vélo, coûte que coûte, n’aurait pas été plaisant ni agréable.

Ça m’a coûté 12 Francs (mettons 10$CAN ou 7,25 €), je suis monté dans le train à vélo, y suis descendu à vélo (c’est un train pour voitures) et ça m’a donné un raccourci d’une journée, peut-être deux.

De l’autre côté, à partir d’Oberwald, j’ai continué, la température était un tout petit peu meilleure (il a cessé de pleuvoir pendant peut-être 1 heure, le temps de monter la tente et de me faire un souper que j’ai mangé dans la tente).  En me retournant, j’ai vu que les parties supérieures des montagnes, à partir de seulement 200 mètres plus haut que moi, étaient maintenant couvertes d’une mince couche de neige.  La pluie qui tombait sur moi tombait en neige bien en bas du col.

Le lendemain, vers midi, étant descendu encore plus bas j’ai vu un panneau indiquant qu’il faisait présentement 13 degrés.  Ça a monté à 17 (et mes couches de vêtements s’en allaient dans mon sac) plus tard dans l’après-midi, après quelques autres centaines de mètres d’altitude perdus.

Hier je suis resté au monastère (couvent) des Bénédictines (en fait des Cisterciennes) à Sierre.  C’est la Suisse française qui commence.

J’arrivais au bout de ma journée de vélo, maintenant plus chaud, et j’ai vu, au loin sur le sommet d’une colline rocheuse, en plein milieu de la vallée, une vieille église et les bâtiments d’un monastère aux alentours.  L’endroit avait l’air très beau, reculé et accueillant, alors l’idée est naturellement venue que cela serait un bel endroit pour y mettre ma tente.  Mais c’était un peu hors de mon chemin.  100 mètres plus loin, un panneau m’indique "Monastère des Bénédictines" avec une flèche à gauche, vers un petit chemin qui monte.  J’hésite un peu, et puis j’y vais.  C’est là que je dois aller.

À un croisement de chemin je rencontre le père Martin (pour ceux qui ne le savent pas, mon nom de famille est aussi "Martin"), très gentil, qui loge au couvent et m’encourage à aller y demander l’hospitalité.  C’est jour de fête au couvent (et dans le monde chrétien), c’est demain la St-Benoit.  Je ne savais pas.  (St-Benoit semble quelqu’un d’assez important pour les moines et moniales.  Il fut l’instigateur de la règle monastique et est le saint patron de l’Europe.)
Je suis très bien reçu, juste à l’heure pour le souper et le début de la fête (les fêtes débutent la veille).

J’ai mangé le meilleur repas que je n’aie eu depuis 3 semaines - un repas tout de même simple, mais très bon et bien plus élaboré que ceux que j’ai d’habitude.
J’ai soupé avec le père Martin, Suisse-allemand, Thérèse, Égyptienne, Nicoletta, Suisse-italienne et Camille, séminariste polonais.

On me donne une chambre et je peux faire sécher toutes mes choses humides.  (En quelques minutes la chambre se remplit du chaos de tous mes bagages ouverts séchant partout où je peux accrocher quelque chose.  Même ma batterie de panneau solaire devait sécher, le sac s’était rempli d’eau, mes sacs à vidanges de protection s’étant percés avec les jours.  C’était la 2e fois que cela arrive - mais tout fonctionne encore.)

Ce fut très agréable de parler avec le père Martin.  Il est très ouvert et a été très intéressé par mon voyage, les projets que je fais et la vie que je mène.  Je dois dire que cela m’a agréablement surpris.  C’est assez rare (malheureusement) qu’une personne de l’Église approuve la quête spirituelle de quelqu’un s’il "ose" s’intéresser à d’autres religions, s’intéresser au bouddhisme, à l’hindouisme, au soufisme ou au judaïsme, s’il parle de dialogue interreligieux ou si, tout simplement, il ne croit pas que la religion chrétienne, telle que définie par l’Église, est la seule voie menant vers Dieu.
Il parlait de tolérance, le père Martin.  Il reconnaissait que la voie (la religion) d’un autre pouvait ne pas être la sienne, mais était tout de même aussi bonne.  C’est rare est c’est très précieux de rencontrer quelqu’un comme cela.

J’ai parlé un peu avec une soeur de couvent, soeur Catherine, qui avait les yeux pétillants et l’esprit très vif, très éveillé.  Beaucoup plus présent que la majorité des gens qu’on peut rencontrer.  Elle avait 52 ans, et était entrée au couvent à 19 ans.
Ils vivent leur vie majoritairement dans le silence.  C’est bien.

Les chants des soeurs durant la messe et les offices étaient très beaux à entendre.  L’église était blanche et lumineuse à l’intérieur, toute simple.

Jour 22 - Midi


Oberalppass, j’y suis.

Ça n’a pas été trop difficile.  Mais il s’est mis à pleuvoir, beaucoup, et c’était pas mal froid, avec le vent et l’altitude.  Je me suis arrêté, contre une falaise, et j’ai attendu un peu que ça passe, debout, abrité sous mes vêtements imperméables.  Étant debout, la pluie ruisselle à l’extérieur, sur mes vêtements imperméables, et ne trouve pas d’entrée.  Après 20 minutes à attendre, je me suis rendu compte que je me tenais en plein dans un beau petit torrent d’eau de pluie - et mon sac à dos déposé à mes pieds aussi.  La pluie n’a pas passé, et le tonnerre a lancé majestueux coup, alors j’ai continué.  Il y a un restaurant en haut, alors j’ai pu me réchauffer.

J’ai des souliers, maintenant, depuis Feldkirch (Autriche), ce que j’apprécie beaucoup.  Ça aurait été pas mal frette, sinon.  Il y avait de la neige ici il y a quelques jours.

6 km faits en 56 minutes.  Élévation d’environ 400 m.  Vitesse moyenne de 6,4 km/h.
Là ça descend de 600 m, avant de remonter de 1000m, pour le Furkapass.  Aujourd’hui (pas vraiment certain) ou demain (plus probable).

Jour 21 - Soir


J’ai fait 13 km aujourd’hui.  Mais je suis monté de 400 mètres.  Je suis parti à midi, après avoir changé ma chambre à air - sans pouvoir trouver la fuite sur l’autre.  Je pars généralement à 10 ou 11 heures, mais midi est aussi correct.  Je ne suis pas pressé.

J’ai mis 1h17 à faire ces 13 kilomètres.  Et ça descendait assez fort pour quelques kilomètres à un moment!

Je suis présentement dans la maison du camp scout d’un petit petit village, Tschamut, le dernier peuplement avant le col Oberalppass, 400 mètres plus haut.  Je m’étais arrêté pour dîner (bon, dîner tard mais c’était quand même ce que je considérais comme étant mon dîner) sur leur terrain car il y avait un banc sec.  Après un temps, lorsque j’ai eu fini de manger mon pain avec mon gruyère, 3 jeunes dames m’ont invité pour manger du gâteau et des biscuits, ce que j’ai accepté.  Je suis dans la Suisse italienne, ici, il semblerait.  En tout cas ils parlent tous italien.  J’ai passé par la Suisse romanche dans les derniers jours (où ils parlaient - et surtout écrivaient - ce qui me semble un mélange de français-espagnol-catalan-italien que je pouvais comprendre à l’écrit et deviner que ce n’était pas de l’allemand à l’oral).
Avec une de ces dames, ici, je parle en allemand, avec une autre en français, avec l’autre en espagnol et avec un des 2 jeunes hommes en anglais!  Ça devient assez mélangeant, mais on finit par se comprendre…

Et je suis reparti.  À ma surprise il était rendu 17h30.  C’était tard.  J’aurais voulu m’attaquer au dernier tronçon du col plus tôt, pour avoir le temps d’en profiter sans être pressé.  (De toute façon, c’est déjà assez dur de même!)
En regardant en l’air, regardant la lumière du Soleil qui disparaîtrait bientôt derrière les montagnes à franchir, regardant les nuages un peu gris, en inspirant l’air autour, quelque chose en moi, dans mon corps, me disait de ne pas partir pour monter le col tout de suite, que ce n’était pas le bon moment.  Demain, pas aujourd’hui.  J’ai tout de même avancé quelques centaines de mètres sur mon vélo avant de me décider à me fier à ce que je sentais et à rebrousser chemin.

Je suis retourné à la maison scoute demander s’il y avait un endroit où je pourrais planter ma tente aux alentours.  On m’a donné une chambre dans la maison.  Et le souper était à 19h30, qu’on m’a dit.
Ils semblent avoir une quelconque activité en ce moment, ils sont une douzaine de jeunes de 8 à 11 ans (des louveteaux, ou quelque chose comme des "lupettis" en italien), plus 6 animateurs plus vieux, mais tous plus jeunes que moi.  Celles qui m’ont accueilli sont au début de la vingtaine.  [Je viens d’apprendre qu’ils font un camp de 2 semaines ici.  Ils sont du sud de la Suisse.]
Je leur ai dit que j’ai été (que je suis - "Scout un jour, Scout toujours") scout et fut animateur scout au Québec.  Je n’avais pas la fleur de lys scoute cousue sur mes sacs, malheureusement (elle l’est sur mon autre maison, sur mon autre sac à dos, à côté du drapeau du Québec, évidemment).
Cela fait quelques fois que je me fais offrir l’hospitalité par des scouts au travers du monde.  En Inde, entre autres, près de Rishikesh/Haridwar, on m’avait invité à manger avec eux, à demeurer à leur camp pour la nuit et on m’avait fait passer en revue tout le camp et toutes les constructions des centaines de jeunes tous fiers de montrer leurs travaux à un Scout venant de l’autre bout du monde, me faisait sentir invité d’honneur.  C’est ça, l’hospitalité scoute.
D’un certain sens, je sais que je peux un peu compter là-dessus, où que je soie, si j’ai besoin d’aide.

———
Ça brasse de l’énergie, un groupe d’une douzaine de jeunes comme ça!  Pffff….  J’ai beaucoup de respect pour ces animateurs, je ne sais pas si je serais capable de faire quelque chose du genre!  Juste le repas du souper m’a presque épuisé…

Jour 20 - Soir


J’ai franchi les 1000 km aujourd’hui.  Je suis dans les Alpes, en plein dedans, à 1250 m d’altitude.  Demain, cela monte à 2044 m dans les prochains 15-20 km (peut-être moins).  C’est le premier col à franchir.  Le deuxième, 38 km plus loin, est à 2439 m.  Je croyais qu’il était tout juste au-dessus de 2000 m….

J’ai appris - et bien comme il le faut - qu’il ne faut pas faire aveuglément confiance aux pistes cyclables.  Parfois elles s’en vont partout sauf dans la direction où l’on veut aller, comme si l’on faisait une charmante promenade en campagne le dimanche sans vouloir aller nulle part, d’autres fois elles s’amusent à monter et à redescendre autant qu’elles le peuvent, comme pour nous faire visiter un à un tous les petits villages perché sur les flancs des montagnes.  D’autres fois, pour éviter un petit tronçon de route principale la piste cyclable fera les 2 à la fois:  Faire un grand détour du double de la distance (ou plus) dans un village en nous prouvant, encore une fois, qu’ils y a bien des côtes qui peuvent être montées ou descendues dans les montagnes!

Aujourd’hui la supposée très belle piste cyclable nous baladait dans des chemins de tracteurs pleins de grosses roches, où j’aurais parfois eu de la difficulté à passer avec ma voiture (et je passais à bien des endroits, avec ma voiture!), des chemins de sable et gravier mou et nous faisait faire de petites montagnes russes parfois à vue de la route principale (qui était, toutefois, inaccessible).  Pour un vélo de montagne, pour quelqu’un qui descend les Alpes pour une fin de semaine avec rien d’autre qu’un petit sac à dos, cette piste cyclable-là peut aller.  Pour mon vélo et pour moi, ça ne va pas.

Donc je ne fais vraiment plus confiance aux pistes cyclables.  Je remarque qu’elles sont là, mais je ne les suis pas tout le temps.  Parfois elles sont très belles et très bien, mais pas tout le temps.  Vraiment pas tout le temps!

J’ai un pneu qui dégonfle en ce moment.  Il était trop tard pour le réparer tout à l’heure, je le ferai demain.

J’ai changé mes 2 pneus dans la dernière semaine.  J’ai eu une crevaison à Kempten, juste avant d’arriver chez Nicole et ce pneu avait 3 petites entailles pouvant causer une crevaison.  J’ai donc temporairement augmenté la valeur de mon vélo en mettant 3 billets de 1 dollar US plié en 4 dans le pneu (vieux truc de cycliste) pour protéger la chambre à air.  C’est toujours pratique d’avoir un peu de dollars US sur soi lorsqu’on voyage de par le monde!

Mon autre pneu s’en venait également vieux, le caoutchouc décollait par endroits, alors je l’ai changé à Feldkirch, avant d’entrer en Suisse (où le même pneu aurait peut-être coûté le double).

J’ai rencontré, il y a quelques jours, une jolie dame aux cheveux gris (pas juste grisonnants mais bien gris) qui faisait la même route dans les Alpes que moi.  Elle avait des bagages et un matelas de sol avec elle.  (On se reconnaît, entre cyclistes longue-distance, par les bagages.)  Elle dormait là où elle trouvait un toit pour l’abriter de la pluie, si j’en bien compris.  Elle allait faire le Oberalppass et en était bien certaine, dut-elle pousser son vélo jusqu’en haut.  (C’est ce qu’elle comptait faire, tout simplement.)  Je n’étais toujours pas certain si j’allais parvenir à traverser les Alpes à vélo (et je n’en suis pas encore totalement certain non plus - c’est haut et c’est à pic, les Alpes!).  Elle m’a dit (en allemand): "Si je peux le faire, alors toi tu peux le faire aussi.".  Et elle m’a quitté - je montais ma tente pour le soir, elle continuait - en me disant (en anglais cette fois-ci) "Tu peux compter sur moi.").

Ça m’a beaucoup encouragé et ajouté un poids important du côté de "je vais être capable de le faire".  Si elle peut le faire, en effet, je devrais aussi pouvoir le faire…

Jour 18 - Lunch au Liechtenstein


Je suis rendu au Liechtenstein.

Hier, après être parti très tôt le matin (mon toit est parti à 5h00 très précises, typiquement allemand), j’ai roulé, sous la pluie et sous la grosse pluie, vers le lac Constance (Bodensee).  Je me suis retrouvé en Autriche.  Je n’avais pas vraiment remarqué que je passerais en Autriche.

À 7h30 du matin j’avais déjà fait 30 km.  Je ne pouvais pas vraiment m’arrêter nulle part, il était beaucoup trop tôt, il pleuvait à verse en alternance avec il pleuvait ou avec il va pleuvoir et j’étais dans cette zone tiédasse où on est à peu près ni vraiment confortable ni vraiment inconfortable, mais si on s’arrête alors là on aura froid, on se rendra compte d’à quel point l’eau a pénétré partout où elle le pouvait et on deviendra inconfortable.  Parfois (souvent, même), on n’a pas vraiment le choix, il faut simplement continuer.  Si je m’arrête, je suis étranger dans ce monde froid et humide.  Sur mon vélo, en déplacement, je suis chez moi.
Et quelque chose d’autre pourra arriver, plus tard, en continuant d’avancer.

Mais j’avais confiance, je savais que je n’avais pas vraiment besoin de m’en faire, que quelque chose allait arriver (ou pas) et que je serais correct.

J’ai traversé en Suisse sans le vouloir, en essayant de suivre les directions de quelqu’un pour un café ayant un accès Internet.  Je ne retourne pas en arrière.  Pour moi, maintenant, ce qui est passé sur la route est passé, il y a tellement de choses en avant, alors je reviens très très rarement sur mes pas, peu en importe la raison.  (Et c’est quand même en Espagne, à plus de 1500 km en avant que je veux me rendre!)  J’avance, c’est tout.

Je donc longé le Rhin un temps du côté de la Suisse, avant de retraverser en Autriche.  Je n’avais pas encore terminé avec l’Autriche (et c’est moi cher dans la zone euro).

À 16h30, après 70 km et un nombre incroyable d’arrêts infructueux un peu partout pour trouver un accès Internet avec un bonne soupe chaude il faisait encore gris, c’était pluvieux, de bonnes averses arrivaient cycliquement pour retremper tout et je cherchais fortement un accès Internet pour trouver quelqu’un du Hospitality Club (http://www.hospitalityclub.org ) pour pouvoir m’héberger pour cette nuit.  Dormir sous la tente ne m’attirait pas particulièrement, j’aurais bien aimé pouvoir être un peu au sec et non à l’humidité.  En passant dans Feldkirch, un jeune homme à l’apparence bien sympathique, Tom, me salue, me dit quelque chose en allemand (évidemment) et m’invite à aller prendre un café chez lui.  Il avait aussi un accès Internet, et m’a offert l’hospitalité pour la nuit.
J’ai pu faire du lavage, me réchauffer, changer un pneu, sécher ma tente (la porte du camion de la veille devait rester ouverte, alors il pleuvait tout de même un peu sur moi) et dormir au sec.

Il y a des gens, comme cela, qui apparaissent juste quand on en a besoin.  J’en suis très reconnaissant…
 

Jour 16 - Soir


Il pleuvait.  Il pleut encore.  D’une pluie qui dit ne pas vouloir s’arrêter de sitôt.  Avec des nuages qui disent qu’ils en ont pour longtemps.

Il pleuvait, alors je continuais à rouler.  Je m’arrête d’habitude à 18h00 le soir, mais là ça ne valait pas la peine de s’arrêter pour monter la tente sous la pluie et tremper ce qui ne l’était pas (mes bagages).  Donc je continuais.  Une bonne pluie, comme il en faut une pour être bien trempé après quelques heures, si l’on a la moindre ouverture.
Je n’avais que les pieds mouillés (j’ai des sandales), le bout du nez, le bout des manches, et à peu près.  Mais il commençait à être un peu tard, il fallait que je mange, monte la tente et dorme, idéalement avant qu’il fasse noir.  Mais la pluie s’en foutait, et l’horizon ne m’indiquait pas de changement avec les kilomètres.

À un village je suis allé vers l’église, avec l’intention de demander l’hospitalité pour la nuit.  Je ne sais pas si ça se fait, mais ce n’est pas grave, je voulais le faire.  J’ai tourné aux alentours de l’église quelques minutes, en essayant de remarquer où les gens de l’église pouvaient bien habiter, mais sans rien trouver.  J’allais partir quand l’église a sonné 3 coups pour me dire d’attendre.  Je me suis arrêté, ne sachant pas trop où aller cogner, et le conducteur d’un grand camion articulé blanc est sorti de son véhicule et s’est avancé vers moi.  Il m’a offert de dormir dans l’arrière de son camion.

Donc je suis ici, dans la boîte d’un "gros truck", en compagnie de plein de palettes de planches de gypse, après avoir mangé un bon repas de pâtes italiennes au resto en compagnie du camionneur (et il a très gentiment payé la facture alors que j’étais parti remplir mes bouteilles d’eau).  J’ai un toit jusqu’à 5h00 (du matin), ensuite le camion repart.

Le plancher du camion est un peu mouillé, alors j’ai monté ma tente dans le camion.  Et il pleut à verse au-dessus de moi, mais ça ne me dérange pas vraiment non plus, je suis chez-moi, à l’abri, pour ces quelques heures.

Je m’en vais dormir.

Jour 16 - Après-midi


…..La vie est tellement "pleine"…

Il me semble, en ce moment, que c’est un/e des plus gros/se "trips"/voyages/aventures, un/e des plus intenses que je n’ai fait jusqu’à maintenant.  Je savais, en quelque sorte, que ce le serait, et c’est également pourquoi je voulais le faire….

Je viens de laisser Nicole, une amie de la Sangha ("Sangha" = communauté de gens vivant ou aspirant aux mêmes choses - belle et concise définition en anglais: "community of like-minded people", sinon voir Wikipedia, par exemple: http://fr.wikipedia.org/wiki/Sangha_%28bouddhisme%29 ), dans sa petite maison perchée au presque sommet d’une colline (petite montagne) au milieu de d’autres collines (petites montagnes) dans l’Allgäu, ce qui pourrait être décrit comme étant le début des Alpes.  Un paysage très typique bavarois.  Avec des vaches faisant sonner leurs cloches tout le temps, chaotiquement, symphoniquement.

Il pleut maintenant.  Mais cela ne me dérange pas trop.  Je me sens comme à la fin d’une retraite (de méditation).  Pas vraiment pour l’aspect "fin", mais plutôt pour la sensibilité qui est généralement présente à la fin d’une retraite.

Qu’est-ce que cette vie?
Certains le savent.  Et je veux être parmi eux.

J’en suis entouré.

Je viens juste de m’asseoir dans un arrêt d’autobus, pour une pause pour manger.  L’appétit est là mais ne se manifeste pas vraiment.  Donc je suis resté assis, les yeux fermés, dans l’arrêt d’autobus, avec mes lunettes fumées pour ne pas déranger personne, méditant avec l’écho des voitures et camions retontissant partout autour de moi.

Maintenant j’ai besoin de nourriture, que mon corps me dit.

Je suis près d’arriver en Suisse.  Les montagnes, les vraies, sont là.  Je me rappelle la première vue que j’en ai eu, loin dans les nuages, alors que j’étais encore dans une plaine, suivant la rivière Iller.  Je ne croyais jamais arriver jusqu’ici.

Et maintenant le vrai voyage, le gros morceau, débute - ou a déjà débuté.  Maintenant je suis vraiment lancé dans ce voyage.  Ma vie n’est que le vélo, me déplacer, aller plus loin.

Les gens me demandent souvent (en allemand) si je suis en vacances.  Non, je ne suis pas en vacances.  Ceci est ma vie, entièrement, peu importe où je suis, il n’y a rien "en dehors" de ce que je fais en ce moment.

Jour 12 - Soir


Après avoir suivi le Donau (le Danube) pendant quelques jours, je me dirige à nouveau vers le sud, à partir, à peu près, de Ulm/Neu Ulm.

Les habitants très gentils de la ferme où je me suis arrêté pour planter ma tente m’ont donné des oeufs, du lait et sont tous venus me parler, les uns après les autres.  D’habitude je ne bois pas de lait (je n’aime pas le goût) mais leur lait frais était bien bon, et j’ai bu le demi-litre qu’ils m’ont donné.  Je n’avais pas bu de lait comme cela depuis probablement au moins 5 ans, si ce n’est pas 10 ans.
Ils m’ont donné un autre demi-litre au matin.

Il n’a pas plu de la journée - ce fut une très belle journée.  (Maintenant il pleut un peu, mais je suis dans la tente, alors ça ne me dérange pas.  J’espère simplement qu’il fera un peu beau demain matin.)

En perdant l’équilibre, mon vélo m’a fait une belle trace de pédalier sur le mollet droit.  J’ai l’air d’avoir été attaqué par un ours à pattes à 7 griffes.

Cela fait 12 jours que je suis sur la route, on dirait.  Le temps n’existe plus vraiment par ici.  Il n’y a que les levers, la route, le vélo, les pauses, les soupers et les dodos.

Jour 11 - Soir


Un autre jour bien rempli.  De la pluie au matin (encore), du vent de face (comme toujours), et d’autres routes, petites et moins petites.  Mais ça avance.

La boulangère.  Le lac.  Les moustiques, la recherche de cartouche de gaz, la dame au Kaufland & les mouchoirs, la pente qui s’est montée toute seule, les vieux villages, les villes médiévales, le bonhomme avec son chapeau bavarois et la moustache retroussée, etc.

Jour 9 - Après-midi


Il pleut depuis 24 heures.  Depuis le début du tour, il y a 9 jours, il a plu ou fait un temps pluvieux peut-être la moitié du temps.  Je ne suis pas vraiment inconfortable, mais ce n’est pas le plus confortable non plus.  C’est un peu humide et froid, surtout quand le grand vent se lève, ce qui est arrivé souvent ces derniers temps.  Je n’ai pas de souliers fermés, seulement que des sandales (mes bottes étaient trop grosses pour emporter avec moi et je n’ai simplement pas de souliers en Europe), donc ça fait un peu plus froid.

Mais il y a parfois de beaux moments de Soleil, qui arrivent à l’improviste.  Beaucoup de beaux paysages ou de beaux moments, mais rien qui ne puisse se capturer avec une caméra.  La beauté a plus à voir avec l’état de conscience qu’avec le décor en tant que tel.

J’ai fini de suivre le canal du Main/Donau, je me dirige maintenant vers la rivière Donau elle-même, en coupant à travers les collines pour sauver un 50 km de méandres.

Les gens ici (depuis 4-5 jours, en fait) ont un accent (allemand) différent de celui que je connais.

Jour 8 - Soir


Je suis maintenant le canal du Main/Donau depuis quelques jours.  C’est plat.  Ou comme un grand escalier, avec des écluses qui montent de 40-50 mètres d’un coup.

J’ai vu des ponts pour rivières les faisant passer par-dessus d’autres rivières.  J’ai vu bien des choses de par le monde, mais ça, ça m’a tout de même surpris…